Textes

Vive les arts conviviaux !

“Il y a peu, j’ai suivi ma dame, accordéoniste prometteuse, à une répétition de musique folk. Je n’avais comme argument, que mon cajon, sorte de caisse claire inventée par des esclaves au Pérou. Mais quelle joie d’accompagner, de mes humbles percussions, violons, guitares et autres flûtiaux ! Ni branchement ni connexion : les instruments et le corps seuls, dans leur souveraine mélodie. La musique et la danse traditionnelles sont ainsi des arts conviviaux, au sens du philosophe Ivan Illich, c’est-à-dire des pratiques sociales simples, économes, libres et partagées. Elle soudent les individus tout en développant leur créativité.”

(Extrait du texte “Bal au Ciel” de Gaultier Bès, publié dans la revue Famille Chrétienne n°2467 page 72)

“Je trouve émouvant d’observer comment dans les psaumes, par exemple, le chant lui-même ne suffit plus aux hommes, et qu’on fait alors appel à tous les instruments. On vient réveiller la musique cachée de la Création, son langage mystérieux.”

Benoît XVI (« Ce qu’est le christianisme » Testament spirituel. Page 6)

La musique est une voie essentielle de la prière dans les églises. Les musiques sacrées nous font comprendre à la fois que l’on peut entendre les anges mais aussi une histoire humaine. Le coeur des anges fait résonner le coeur des gens”.

Jean-Christophe Spinosi, Ensemble Matheus (Ouest-France 08-12-2023)

La musique n’a rien de dérisoire, même face aux grandes adversités, même face à la mort qui vient. C’est pourquoi j’aime la belle histoire de Claire Oppert*, violoncelliste qui joue pour les enfants autistes, les malades souffrant d’Alzheimer ou les patients en soins palliatifs. Elle raconte qu’un jour elle est en train de jouer dans la chambre de Georges, un monsieur en phase terminale d’un cancer de la thyroïde. Elle lui demande quelle musique lui ferait plaisir ; et lui de répondre : « Ce que vous voulez, du moment que c’est beau ! » Va pour un extrait de l’Adagio d’Albinoni, puis l’Ave Maria de Gounod. La musique emplit la pièce. Les boîtes de médicaments, le pichet en plastique, le fauteuil de faux cuir qu’occupe un fils anxieux, tout s’efface dans l’intensité du moment. Georges savoure. Il ferme les yeux, renverse sa tête sur l’oreiller, pleure et sourit en même temps. Lorsque le silence revient, il joint les mains. « Vous m’avez mis de la joie dans le cœur. Merci, merci, merci. Transmettez cette joie aux autres aussi. » Consoler, c’est mettre de la joie, au moins un tout petit peu de joie, dans le cœur. Ne serait-ce que le temps d’un morceau de musique.

Christophe André, Consolations, L’Iconoclaste, 2022

*Claire Oppert, Le Pansement Schubert, Denoël, 2020